What? tu veux dire qu'on apprend à arnaquer dans les écoles de commerce? je suis choqué! moi qui croyait que l'honnêteté était la règle quand il s'agissait d'échanges de biens ou de services entre individus!
Je me dois quand même de préciser que cela dépend de la cible. Quand il s'agit de vendre à des professionnels on fait pas trop les mariols, l'intérêt est de fidéliser le client et de ne pas se faire griller dans son domaine d'activité. On essaie donc d'apporter un réel plus pour le client et même si c'est parfois en trompe l'oeil cela doit rester discret et en tous cas ne pas handicaper le client. Faudrait quand même être ballot pour se fâcher avec un client qui peut vous faire des commandes pour un montant de plusieurs dizaines ou centaines de milliers d'euros par an. Et puis faut dire par ailleurs que les grosses boites emploient des acheteurs professionnels qui ont également fait des études commerciales et on se retrouve donc sur un pied d'égalité. La vente aux pros c'est généralement le "côté noble" du commerce, on pourrait dire globalement que cela se passe plutôt entre "gentleman" avisés (pour ce que j'en ai connu) et que la relation avec le client est de type gagnant/gagnant. Bon je parle évidemment pas des relations internes qui suivant les cas peuvent être très différentes
Par contre, de l'autre côté du couloir, quand on rentre dans la classe de vente aux particuliers, c'est un tout autre monde
Faut le voir pour le croire ! Quand on pense à toutes ces intelligences concentrées à développer des techniques de prises d'ascendant et d'arnaques en tout genre on comprend assez vite pourquoi on est dans un tel merdier.
Le ticket d'entrée c'est la guerre permanente, le non respect de l'autre, l'individualisme forcené et barbare, en un mot le néolibéralisme dans toute sa "splendeur". Le pire c'est qu'on a vite envie (surtout quand on est jeune) de vouloir tester son nouveau pouvoir en essayant ces nouveaux jouets et qu'on se sent flatter d'appartenir à cette "élite" de manipulateurs. Et bon petit soldat on part en guerre la fleur au fusil... pour finalement niquer son voisin (ce n'est pas présenté comme ça mais en pratique cela revient à ça). Je suppose que vous avez remarqué que les termes "j'ai fait mon travail" sont maintenant employés comme un blancs-seing...
Mais au final c'est tel est pris qui croyait prendre, car en ayant inculqué cet esprit barbare individualiste dans les esprits, on fini par penser que c'est naturel, que c'est ainsi que fonctionne le monde, qu'il faut faire ainsi pour s'en sortir, qu'il n'y a pas d'autres solutions. Et c'est pas des habitudes de pensée compatibles avec les notions d'union et de solidarité qui sont nécessaires pour défendre efficacement ses droits
Vous croirez peut-être que ce sont les paroles d'un repenti. En fait même pas car si j'ai effectivement fait de la vente aux professionnels plusieurs années, j'ai aussi suivi plusieurs sessions de vente aux particuliers par curiosité mais jamais je n'ai pu (voulu) les mettre en pratique. Au début on peut vous dire qu'effectivement c'est limite honnête mais qu'après tout vous n'arnaquerez que ceux qui en ont les moyens. Mais une fois sur le terrain, pour s'en sortir il faut viser beaucoup plus large.
Je me souviens être rentré chez un couple de vieux retraités. La table de la cuisine était en formica tout écorné des années soixante, les meubles tous bancaux , des bouts de carrelage manquant, bref ça sentait vraiment la misère. Mais il leur restait quelques économies... qu'ils gardaient religieusement pour les coups durs. J'ai fais mon speech et tout allait bien mais à la fin j'ai saboté mon travail en leur disant "prenez votre temps pour réfléchir, on repassera". Evidemment c'était le blasphème total ! Dans la voiture sur le retour mon collègue n'en revenait pas : "ils vous mangeaient dans la main, vous pouviez en faire ce que vous vouliez, alors qu'est-ce qui vous à pris ? Puis plus tard de me demander si j'étais croyant...

Le lendemain j'envoyais ma lettre de démission. Je n'étais pas croyant mais je me suis dit qu'on pouvait peut être quand même essayer de faire autre chose dans sa vie. Trop gentil ou trop con mais en tous cas pas motivé par le job.
L'histoire pourrait s'arrêter là mais quand on démissionne on a pas droit au chômage... même pour les droits précédemment acquis

Il a fallu que j'aille pleurer aux prud'homme pour qu'on rétablisse mes droits, ça c'est arrangé mais il a fallu argumenter
